lundi 10 décembre 2007

La télé vénézuélienne au banc d'éssais

Aventurons nous un peu sur le champ de bataille médiatique... car c'est bien une guerre médiatique qui a lieu dans ce pays; ou chaque camps a ses chaînes, ses programmes... une lutte où tout les coups sont permis,de la petite manipulation jusqu'au vrais mensonge. Suit donc un petit tour d'horizon des principales chaînes du pays. Amenez votre sens critique avec vous...

VTV : télévision d’état, relais direct du gouvernement. Décor rouge, présentateurs habillés en rouge… et des programmes d’opinion qui ressemblent plus à des discutions entre amis à l’heure du thé, entre chavistes.
Programme phare : La Hojilla, programme de "défense de la révolution bolivarienne" où Mario Silva, présentateur à casquette démonte les "complots de l’opposition", à coup de démonstrations tirées par les cheveux.

Globovision : depuis que RCTV a été envoyé sur le câble, elle constitue la principale chaîne d’opposition. C’est le pendant privé de VTV. Ici, aucun invité favorable au gouvernement. Les discutions entre amis se font entre gens de l’opposition.
Programme phare : Alo Ciudadano, où le présentateur Leopoldo Castillo peut donner une leçon de morale et de démocratie et dans la foulée faire la pub d’une banque ou d’un opérateur de téléphone.

Televen : chaine privée commerciale, dont la programmation compte beaucoup de séries américaines. Coté politique, la chaîne, après avoir été une grande opposante d’Hugo Chavez, a adopté un ton plus neutre ces derniers temps.
Programme phare : Jose Vicente Hoy, un programme d’interview présenté par Jose Vicente Rangel, journaliste et homme politique respecté ici au Venezuela. Il a même été jusqu’à occuper le poste de vice-président de la république de 2002 à 2007.


Venevision : depuis que RCTV émet sur le cable, elle est devenue la chaîne la plus regardée du pays, surtout grâce aux nombreuses telenovelas présentes sur son écran. Elle aussi a adopté un ton moins virulent face au gouvernement, bien que ses journaux télévisés relaient souvent le point de vue de l’opposition.
Programme phare : la multitude de telenovelas qui assurent à Venevision le statut de chaîne la plus regardée du pays.


RCTV : la fameuse chaîne "fermée", qui n’a pas été fermée donc. Elle continue d’émettre sur le câble, après que sa licence n’ait pas été renouvelée l’année dernière. La plus grande partie de sa programmation est constituée de Telenovelas, ces sitcoms latinos à faible budget.
Programme phare : El Observador, le programme d’information de RCTV. Un autre porte voix de l’opposition, avec une tendance à dramatiser, exagérer, monter en épingle le moindre incident.


Telesur : En voyant Al-jazeera, Chavez a eu l’idée de crée cette chaine d’information diffusée dans toute l’amérique latine, surtout pour concurrencer CNN espagnol. Depuis 2005, la chaîne émet grâce au financement de Cuba, le Venezuela, le Brésil, l’Uruguay, l’Argentine, la Bolivie, le Nicaragua et l’Equateur.
Programme phare : Noticias desde el Sur, journal télévisé censé donner un point de vue latino-américain sur l’actualité du continent. La ligne éditoriale est très favorable aux mouvements sociaux et aux gouvernements de gauche de la région (y compris Cuba).

Vive : chaîne créée par le gouvernement il y a quelques années, elle se présente comme le relais de la base du chavisme, des mouvements sociaux. Ses programmes traitent souvent des préoccupations quotidiennes des habitants de zones rurales et des quartiers pauvres. La chaîne y présente surtout les réalisations du gouvernement dans ces zones.
Programme phare : Alo Présidente, programme diffusé chaque dimanche matin sur toutes les chaînes de l’état ou qui supporte le processus bolivarien, et animée par Hugo Chavez lui-même ! Le « commandante » « communique » sur ses réalisations, chaque semaine depuis un lieu différent. La durée de l’émission est indéfinie et a tendance souvent à approcher les cinq ou six heures, vu le goût du président-présentateur pour les longs monologues.

TVes : nouvelle chaîne publique qui remplace RCTV sur le canal 2. Programmation surtout composée de programmes musicaux, téléfilms historiques et documentaires dans le genre que la 5e passe dans l’après-midi.
Programme phare : TVes en noticias. Si le contenu de TVes est bien moins orienté que celui des autres chaines d’état, son JT reste lui plutôt complaisant avec le gouvernement.


3 commentaires:

Gael a dit…

Je rêve d'ouvrir un débat sur la presse venezuelienne, on en reparlera bientôt c'est promis ! Tu as oublié les TV locales dans tout ça ! Et meridiano TV ! J'ai longtemps voulu faire ce post, mais j'arrive pas à faire court :o) je suis un fan des medias et j'ai tendance à m'étendre... Bien joué !

Florian a dit…

Bien sur j'ai oublié pleins de chaines, je me suis volontairement concentré sur les chaines les plus importantes et les plus représentatives... bien sur ça aurait mérité qu'on parle aussi des chaiens locales, des chaines communautaires... mais on y reviendra

Anonyme a dit…

Résumé très intéressant pour les français incultes de la métropole!

J'avais lu un article du Monde Diplomatique sur la télévision vénézuelienne. Si l'on en croit l'article, il semble exister un véritable engouement pour un usage "citoyen" de la télévision : les gens réalisent eux-même des reportages signalant les problèmes qu'ils rencontrent et ces reportages sont diffusés par des chaînes locales. Je ne sais pas quelle est la part de vérité de l'article, mais une telle démarche semble très intéressante en vue de transformer la télévision en auxiliaire de la démocratie.
Même si je me doute que dans le cas du Venezuela, la plupart de ces chaînes doivent être financées par le gouvernement : je me demande quelle est leur degré d'autonomie...

Il semble exister aussi une liberté de ton que l'on ne retrouve guère en France, où la télévision joue traditionnellement le rôle de relais du pouvoir.
Entre les chaînes gouvernementales, celles d'opposition et les chaînes locales, on est loin du morne paysage audiovisuel français!

Bon, j'arrête mes conneries et bravo pour l'article!