mardi 15 avril 2008

Cada 11 tiene su 13*

Ce week-end, les chavistes ont commémoré le coup d'état du 11 avril 2002 qui avait écarté le président Chavez du pouvoir pendant deux jours. Ce dernier était revenu aux affaires le 13 avril, sous la pression d'une mobilisation populaire qui avait fait échouer la tentative de renversement.


La foule s'était donné rendez-vous devant le palais présidentiel de miraflores dès le matin.




Et les abords de l'assemblée nationale était devenu un terrain de jeu avec échecs, volley, foot-ball...




Et comme d'habitude tout se finit par une allocution du "commandante" (ce soir là Hugo avait bien fait ses trois heures de discours !!)


Le soir, après le rassemblement, les habitants de Caracas étaient invités à assister à un concert gratuit du groupe de hip hop Calle 13 (groupe de Porto Rico très connu en Amérique Latine). Cet évènement marquait aussi le début de la "semaine de Caracas", une suite de concerts, expositions et conférences donnés dans divers lieux de la ville du 13 au 19 avril (on y reviendra).



Le coup d'état du 11/04/02 :

Le 11 avril 2002 était la date prévue par l'opposition pour organiser une grande manifestation contre la politique d'Hugo Chavez, et de manière irrésponsable les leaders ont appelés à marcher vers la palais présidentiel où étaient rassemblé des supporters du président. Le matin même, le journal El National avait titré "la bataille finale aura lieu à Miraflores", déja un appel á la destabilisation en sois.

La police de Caracas, chargée de séparer les deux rassemblements rompts le cordon de sécurité, permettant aux deux groupes de s'affronter. Puis elle se met carrément à tirer en direction des manifestants chavistes, provoquant une fusillade. Sur les chaines de télé privées, acquises à l'opposition, on diffuse des images de chavistes tirant avec des armes à feu, en affirmant qu'ils agressent les manifestants d'opposition. On apprendra par la suite qu'il cherchaient surtout à se protéger de la police qui les canardaient pour les obliger à se disperser.

Dans le même temps, un groupe de militaires se prononcent contre le gouvernement. Selon eux, les morts de la fusillades sont dues à une répression de sa part. Lá encore, on saura plus tard qu'il y a un hic : cette allocution avait été enregistrée avant même que les affrontements aient lieu dans la rue. Encore une preuve que tout était prévu d'avance. L'armée décide alors de capturer le président Hugo Chavez et de faire croire à sa démission.

Le 12 avril, le Venezuela se réveille avec un "gouvernement de transition". Pedro Carmona, président de Fedecamaras (le medef local) s'est auto-proclamé président avec pour objectif de gommer au plus vite possible toutes les réalisations du gouvernement. En un décret, il dissout l'assemblée, annule les lois votées durant les trois années précédentes ainsi que la constitution en vigueur (celle de 1999).

Pendant ce temps, les affrontements police/chavistes se poursuivent dans la rue. Les grands médias décident de faire silence total sur les évènements et soutiennent le nouveau gouvernement, tandis que le signal de la seule chaine publique de l'époque a été coupé. Les médias communautaires prennent alors le relais et assurent la couverture de l'information. Le bruit commence à courrir que Chavez n'a pas démissioné et est retenu par l'armée. La population est appelée à descendre dans la rue pour défendre la légitimité démocratique. Le mot d'ordre est largement suivis...

La foule se presse aux abords du palais de Miraflores pour réclamer le retour du président. C'est à ce moment qu'une fraction de l'armée restée fidèle au gouvernement décide d'agir. Les soldats destituent les nouvelles autorités et organisent le retour d'Hugo Chavez. Le 13 avril, le Venezuela retrouve son président.

Tout n'est pas encore connu avec exactitude mais il s'agit d'un cas unique de renversement avorté par une mobilisation populaire massive. Au final, l'opposition aura surtout atteint l'objectif inverse á celui recherché á la base : au lendemain du coup d'état, sa crédibilité est complètement ruinée (ils avaient reussi la prouesse de faire en seulement deux jours tout ce qu'il ne faut pas faire : arrestations arbitraires, censures des médias, répression de manifestants, autoproclamation d'un gouvernement...). Et le président Chavez, toujours fort pour la récupération médiatique, tire de ces événements un second souffle. Il va par la suite accélerer les réformes et marginaliser un peu plus ces adversaires. Aujourd'huis encore, il n'hésite pas á qualifier de "pushistes" ceux qui critiquent sa politique.

Des zones d'ombres plannent encore sur ce coup d'état éclair (le gouvernement de Carmona n'a même pas duré deux jours). Et les responsables de ce massacre sont pour la plupart en liberté, soit en fuite pour les principaux instigateurs (comme par exemple le président d'un jours Pedro Carmona) ou tout simplement au Venezuela et parfois même encore en poste comme maire, chef d'entreprise ou patron de presse...

*"á chaque 11 son 13" : devenu un slogan chaviste pour rapeller que le peuple a permis le retour de Chavez le 13/04 aprés le coup d'état du 11/04, une manière de prouver que même dans l'adversité la révolution bolivarienne triomphe.

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