mardi 29 avril 2008

Parlons un peu de la Bolivie

Une petite pàrenthèse dans ce blog pour parler de la Bolivie, et l'occasion de diffuser un intéressant documentaire/coup de gueule sur ce pays (malheureusement seuelement en espagnol, désolé pour les non-hispanophones). Petit rappel pour ceux qui ont raté les précédents épisodes : en 2006 arrive à la présidence un syndicaliste d'origine indigène : Evo Morales; élu dès le premier tour avec 54% des voix (la 1e fois dans l'histoire du pays) et toujours en poste après deux ans (déjà presque un record en soi dans un état où se sont succédés quatre présidents entre 2001 et 2005).

La politique tournée vers le socialisme du nouveau président rencontre la résistance de l'oppositon de droite et de certains secteurs de la société bolivienne (notamment dans le clergé le patronat et l'industrie des resources naturelles), surtout après la nationalisation du gaz et la décision prise de rédiger une nouvelle constitution. Il est donc assez peu étonnant de voir les autorités (d'opposition) du département de Santa Cruz (où se trouvent la majorité des ressources naturelles du pays) réclamer tout à coup leur autonomie.

Le documentaire suivant, "Guerreros del Arcoiris" montre comment les autorités de Santa Cruz veulent imposer au gouvernement un statut d'autonomie considéré illégal par l'OEA (Organisation des Etats Américains) et l'ONU et par la même occasion essayer de faire tomber le président. Et vous pourrez profiter de quelques perles de dirigeants et militants de l'opposition de droite comme :
"la nouvelle constitution (celle voulue par Evo Morales) n'a aucune valeur elle a été écrite par des paysans et des indigènes. Ils n'ont aucune conscience des choses."
"Santa Cruz sera la tombe d'Evo Morales tant physique que dans les urnes"
"On va s'organiser comme au Venezuela où ils vont bientôt faire tomber ce macaque de Chavez, et on fera tomber aussi ce pantin de Morales"
"le statut d'autonomie ? J'avoue que je l'ai pas lu mais je suis content parce que je sais qu'on va l'avoir bientôt"

Le film dure a peu près une heure. Le voici divisé en 5 parties
1e partie : http://www.youtube.com/watch?v=0BvhzpOkmeI&feature=related
2e partie : http://www.youtube.com/watch?v=OG879XjQdvY&feature=related
3e partie : http://www.youtube.com/watch?v=WliXZExcnRQ&feature=related
4e partie : http://www.youtube.com/watch?v=rfpWCLuwRfk&feature=related
5e partie : http://www.youtube.com/watch?v=eS9gtIb27rI&feature=related

mardi 22 avril 2008

Emir chez Hugo

Pour finir cette "semaine de Caracas", en ce samedi 19 avril, rien de moins que le double lauréat de la palme d'or, Emir Kusturica et son No Smocking Orchestra; où soit la grande gueule du cinéma européen en visite chez la grande gueule de la politique sud américaine... Pas si étonnant que ça d'ailleurs, Emir et Hugo partagent un certain gout pour l'anti-impérialisme (voir anti-américanisme) et même une amitié avec Diego Maradona. Tandis que le réalisateur serbe y va de ses déclarations contre l'indépendance du Kosovo, Le président vénézuélien lui n'hésite pas à comparer la volonté d'autonomie de certaines régions bolivienne au démantellement de l'ex-yougoslavie.

Ainsi, une banderolle accrochée près de la scène avertissait : "la Bolivie ne sera pas la nouvelle Yougoslavie". Mais peu importe, ce soir là le public n'était pas venu pour discerter de politique internationale. Et il est repartir content, car Emir et ses potes ont déversé leur mélange de rock, musique des balkans et performances théatrales avec l'energie et le grain de folie qui leur est propre.

Et en bonus deux beaux spécimens de la production rock locales : Circo Vulkano, bon groupe de ska rock festif, et El Pacto, coupable d'un rock agressif tinté "rojo rojito". En somme une soirée parfaite pour conclure la "semaine de Caracas", une série de concerts, conférences et expositions organisées entre deux dates symboliques : le 13 avril (date du retour au pouvoir d'Hugo Chavez en 2002) et le 19 Avril (date de la déclaration d'indépendance du pays en 1810).

mardi 15 avril 2008

Cada 11 tiene su 13*

Ce week-end, les chavistes ont commémoré le coup d'état du 11 avril 2002 qui avait écarté le président Chavez du pouvoir pendant deux jours. Ce dernier était revenu aux affaires le 13 avril, sous la pression d'une mobilisation populaire qui avait fait échouer la tentative de renversement.


La foule s'était donné rendez-vous devant le palais présidentiel de miraflores dès le matin.




Et les abords de l'assemblée nationale était devenu un terrain de jeu avec échecs, volley, foot-ball...




Et comme d'habitude tout se finit par une allocution du "commandante" (ce soir là Hugo avait bien fait ses trois heures de discours !!)


Le soir, après le rassemblement, les habitants de Caracas étaient invités à assister à un concert gratuit du groupe de hip hop Calle 13 (groupe de Porto Rico très connu en Amérique Latine). Cet évènement marquait aussi le début de la "semaine de Caracas", une suite de concerts, expositions et conférences donnés dans divers lieux de la ville du 13 au 19 avril (on y reviendra).



Le coup d'état du 11/04/02 :

Le 11 avril 2002 était la date prévue par l'opposition pour organiser une grande manifestation contre la politique d'Hugo Chavez, et de manière irrésponsable les leaders ont appelés à marcher vers la palais présidentiel où étaient rassemblé des supporters du président. Le matin même, le journal El National avait titré "la bataille finale aura lieu à Miraflores", déja un appel á la destabilisation en sois.

La police de Caracas, chargée de séparer les deux rassemblements rompts le cordon de sécurité, permettant aux deux groupes de s'affronter. Puis elle se met carrément à tirer en direction des manifestants chavistes, provoquant une fusillade. Sur les chaines de télé privées, acquises à l'opposition, on diffuse des images de chavistes tirant avec des armes à feu, en affirmant qu'ils agressent les manifestants d'opposition. On apprendra par la suite qu'il cherchaient surtout à se protéger de la police qui les canardaient pour les obliger à se disperser.

Dans le même temps, un groupe de militaires se prononcent contre le gouvernement. Selon eux, les morts de la fusillades sont dues à une répression de sa part. Lá encore, on saura plus tard qu'il y a un hic : cette allocution avait été enregistrée avant même que les affrontements aient lieu dans la rue. Encore une preuve que tout était prévu d'avance. L'armée décide alors de capturer le président Hugo Chavez et de faire croire à sa démission.

Le 12 avril, le Venezuela se réveille avec un "gouvernement de transition". Pedro Carmona, président de Fedecamaras (le medef local) s'est auto-proclamé président avec pour objectif de gommer au plus vite possible toutes les réalisations du gouvernement. En un décret, il dissout l'assemblée, annule les lois votées durant les trois années précédentes ainsi que la constitution en vigueur (celle de 1999).

Pendant ce temps, les affrontements police/chavistes se poursuivent dans la rue. Les grands médias décident de faire silence total sur les évènements et soutiennent le nouveau gouvernement, tandis que le signal de la seule chaine publique de l'époque a été coupé. Les médias communautaires prennent alors le relais et assurent la couverture de l'information. Le bruit commence à courrir que Chavez n'a pas démissioné et est retenu par l'armée. La population est appelée à descendre dans la rue pour défendre la légitimité démocratique. Le mot d'ordre est largement suivis...

La foule se presse aux abords du palais de Miraflores pour réclamer le retour du président. C'est à ce moment qu'une fraction de l'armée restée fidèle au gouvernement décide d'agir. Les soldats destituent les nouvelles autorités et organisent le retour d'Hugo Chavez. Le 13 avril, le Venezuela retrouve son président.

Tout n'est pas encore connu avec exactitude mais il s'agit d'un cas unique de renversement avorté par une mobilisation populaire massive. Au final, l'opposition aura surtout atteint l'objectif inverse á celui recherché á la base : au lendemain du coup d'état, sa crédibilité est complètement ruinée (ils avaient reussi la prouesse de faire en seulement deux jours tout ce qu'il ne faut pas faire : arrestations arbitraires, censures des médias, répression de manifestants, autoproclamation d'un gouvernement...). Et le président Chavez, toujours fort pour la récupération médiatique, tire de ces événements un second souffle. Il va par la suite accélerer les réformes et marginaliser un peu plus ces adversaires. Aujourd'huis encore, il n'hésite pas á qualifier de "pushistes" ceux qui critiquent sa politique.

Des zones d'ombres plannent encore sur ce coup d'état éclair (le gouvernement de Carmona n'a même pas duré deux jours). Et les responsables de ce massacre sont pour la plupart en liberté, soit en fuite pour les principaux instigateurs (comme par exemple le président d'un jours Pedro Carmona) ou tout simplement au Venezuela et parfois même encore en poste comme maire, chef d'entreprise ou patron de presse...

*"á chaque 11 son 13" : devenu un slogan chaviste pour rapeller que le peuple a permis le retour de Chavez le 13/04 aprés le coup d'état du 11/04, une manière de prouver que même dans l'adversité la révolution bolivarienne triomphe.