Donc, à la suite d'un référendum effectué après deux ans de mandat, Evo Morales garde son poste de président en obtenant 62% des voix en sa faveur... soit un score encore plus important que lors de son élection en 2006 (rappelons au passage que durant les 5 ans précédant cette élection la Bolivie avait connu 4 présidents!!). Donc une bonne claque pour la droite raciste sud-américaine qui le disait en perte de vitesse et l'accuse d'avoir destabilisé le pays...
Voyons d'ailleurs un article assez honteux publié par Le Monde à la veille du referendum :
En Bolivie, Evo Morales joue son va-tout dans un référendum sur son mandat
Evo Morales a rangé le pull rayé rouge et bleu avec lequel il avait enfreint le protocole du palais royal de Madrid. Depuis son élection à la présidence de la Bolivie en décembre 2005, le pouvoir l'a métamorphosé : il met des vestes en cuir discrètement décorées aux couleurs andines.
"Evo est un caudillo narcissique", estime un connaisseur, l'écrivain Juan Claudio Lechin. Pour lui, le pouvoir ne se partage pas, même avec son entourage. L'improvisation reste son mode de fonctionnement habituel. Mettre en jeu son mandat lors d'un "référendum révocatoire", le dimanche 10 août, alors que ce type de scrutin ne figure pas dans la Constitution en vigueur, voilà bien le coup de poker d'un calculateur.
"Evo est un caudillo narcissique", estime un connaisseur, l'écrivain Juan Claudio Lechin. Pour lui, le pouvoir ne se partage pas, même avec son entourage. L'improvisation reste son mode de fonctionnement habituel. Mettre en jeu son mandat lors d'un "référendum révocatoire", le dimanche 10 août, alors que ce type de scrutin ne figure pas dans la Constitution en vigueur, voilà bien le coup de poker d'un calculateur.
L'homme est un séducteur, colérique à ses heures. "Vendu à la CIA", a-t-il lancé contre son ancien mentor Filemon Escobar, qui l'avait détourné de la guérilla et converti à "l'électoralisme" honni par l'extrême gauche. Ce vieux dirigeant du Syndicat des mineurs avait tout misé sur le jeune Evo, entraîneur de football des cocaleros, les cultivateurs de feuilles de coca de la région tropicale du Chapare.
L'ascension électorale du dirigeant cocalero a été fulgurante. Choisi pour présider les six "fédérations du tropique de Cochabamba" en 1996, il exerce cette fonction encore aujourd'hui. A la tête de l'Etat, il n'a cessé d'ailleurs de favoriser l'extension des plantations de coca. En 1997, il est élu député, sur les conseils de Filemon Escobar, pour mieux lutter contre l'éradication de la coca dans le Chapare, exigée par les Etats-Unis au nom de la lutte contre le trafic de drogue.
En 2002, il arrive en deuxième position à la présidentielle, avec 20 % des voix. Trois ans plus tard, il obtient la majorité absolue. L'élection d'Evo Morales est saluée dans le monde entier, bien au-delà de la gauche. Dans son pays, elle suscite l'espoir, y compris chez les Boliviens qui n'ont pas voté pour lui. Ainsi, à Santa Cruz, toujours rétive aux représentants de La Paz, il a remporté un tiers des suffrages. A La Paz, il n'a pas attiré seulement les secteurs modestes : pour la classe moyenne, lassée par l'instabilité chronique et des conflits incessants, il a aussi incarné l'aspiration au changement.
Cependant, au lieu d'apaiser les esprits et de rassembler, le nouveau chef de l'Etat va favoriser les corporatismes et provoquer de nouvelles divisions. Loin de combler la fracture sociale, il va élargir la fracture régionale et la fracture ethnique. Dans une volte-face surprenante, Evo Morales s'oppose à l'autonomie des régions, qui suscite une forte mobilisation de l'opinion dans les départements de l'est et du sud de la Bolivie, un pays où la décentralisation reste une idée neuve.
Alors qu'il s'était toujours réclamé du métissage, voilà qu'il conforte "l'ethnicisation" de la politique prônée par une minorité d'extrême gauche. Lui, qui ne parle pas la langue aymara de ses ancêtres et qui partage l'individualisme des colons du Chapare, annonce désormais le Pachakuti, l'émancipation des communautés andines, dans des termes qui choquent la majorité des Boliviens, dont 65 % se considèrent métis.
Pourtant, la nationalisation des hydrocarbures, le 1er mai 2006, avait porté sa popularité au sommet. Dans la foulée, lors de l'élection à l'Assemblée constituante, le 2 juillet 2006, ses candidats peinent toutefois à retrouver le score présidentiel. Siégeant à Sucre, durant un an et demi, l'Assemblée montre l'incompétence et l'arrogance des partisans d'Evo Morales, qui ne cessent de perdre des pans entiers de leur électorat.
A Oruro, berceau natal du chef de l'Etat, une bataille rangée entre mineurs fait 16 morts, en octobre 2006. Le président bolivien, qui n'a pas jugé utile de se rendre aux funérailles, dénonce une "terrible conspiration" orchestrée par l'ambassade des Etats-Unis. Crier au complot ou au coup d'Etat, comme il vient de le faire à la veille du référendum, est sa réponse habituelle devant les difficultés.
Dans son fief de Cochabamba, la polarisation politique qu'il a stimulée prend des allures de guerre des pauvres entre eux, lors des affrontements entre les colons du Chapare et des citadins en janvier 2007, qui ont fait deux morts. A Sucre, les élus de la majorité présidentielle ne refusent pas uniquement le dialogue avec l'opposition, mais aussi avec la population locale, qui leur était pourtant largement acquise, au prix de trois morts en décembre 2007.
Filemon Escobar reproche à son ancien disciple d'avoir oublié "l'apprentissage du respect réciproque entre les Indiens et les blancs". Aujourd'hui, Evo Morales est contesté par la droite, débordé par l'extrême gauche et lâché par une bonne partie de ses propres électeurs. A la suite de la renégociation des contrats avec les compagnies pétrolières, il n'a pas su relancer l'investissement social et promouvoir une redistribution du revenu national.
Deux modestes allocations, une pour le troisième âge et l'autre pour les enfants, des augmentations de salaires jugées insuffisantes par les intéressés, ne compensent pas la montée des revendications sectorielles.
Alors que les intérêts de la Bolivie sont liés à ses voisins, Argentine, Brésil et Chili, Evo Morales a préféré s'aligner sur le Venezuela, dont le président, Hugo Chavez, a arrosé les municipalités boliviennes avec ses pétrodollars.
Paulo A. Paranagua
L'ascension électorale du dirigeant cocalero a été fulgurante. Choisi pour présider les six "fédérations du tropique de Cochabamba" en 1996, il exerce cette fonction encore aujourd'hui. A la tête de l'Etat, il n'a cessé d'ailleurs de favoriser l'extension des plantations de coca. En 1997, il est élu député, sur les conseils de Filemon Escobar, pour mieux lutter contre l'éradication de la coca dans le Chapare, exigée par les Etats-Unis au nom de la lutte contre le trafic de drogue.
En 2002, il arrive en deuxième position à la présidentielle, avec 20 % des voix. Trois ans plus tard, il obtient la majorité absolue. L'élection d'Evo Morales est saluée dans le monde entier, bien au-delà de la gauche. Dans son pays, elle suscite l'espoir, y compris chez les Boliviens qui n'ont pas voté pour lui. Ainsi, à Santa Cruz, toujours rétive aux représentants de La Paz, il a remporté un tiers des suffrages. A La Paz, il n'a pas attiré seulement les secteurs modestes : pour la classe moyenne, lassée par l'instabilité chronique et des conflits incessants, il a aussi incarné l'aspiration au changement.
Cependant, au lieu d'apaiser les esprits et de rassembler, le nouveau chef de l'Etat va favoriser les corporatismes et provoquer de nouvelles divisions. Loin de combler la fracture sociale, il va élargir la fracture régionale et la fracture ethnique. Dans une volte-face surprenante, Evo Morales s'oppose à l'autonomie des régions, qui suscite une forte mobilisation de l'opinion dans les départements de l'est et du sud de la Bolivie, un pays où la décentralisation reste une idée neuve.
Alors qu'il s'était toujours réclamé du métissage, voilà qu'il conforte "l'ethnicisation" de la politique prônée par une minorité d'extrême gauche. Lui, qui ne parle pas la langue aymara de ses ancêtres et qui partage l'individualisme des colons du Chapare, annonce désormais le Pachakuti, l'émancipation des communautés andines, dans des termes qui choquent la majorité des Boliviens, dont 65 % se considèrent métis.
Pourtant, la nationalisation des hydrocarbures, le 1er mai 2006, avait porté sa popularité au sommet. Dans la foulée, lors de l'élection à l'Assemblée constituante, le 2 juillet 2006, ses candidats peinent toutefois à retrouver le score présidentiel. Siégeant à Sucre, durant un an et demi, l'Assemblée montre l'incompétence et l'arrogance des partisans d'Evo Morales, qui ne cessent de perdre des pans entiers de leur électorat.
A Oruro, berceau natal du chef de l'Etat, une bataille rangée entre mineurs fait 16 morts, en octobre 2006. Le président bolivien, qui n'a pas jugé utile de se rendre aux funérailles, dénonce une "terrible conspiration" orchestrée par l'ambassade des Etats-Unis. Crier au complot ou au coup d'Etat, comme il vient de le faire à la veille du référendum, est sa réponse habituelle devant les difficultés.
Dans son fief de Cochabamba, la polarisation politique qu'il a stimulée prend des allures de guerre des pauvres entre eux, lors des affrontements entre les colons du Chapare et des citadins en janvier 2007, qui ont fait deux morts. A Sucre, les élus de la majorité présidentielle ne refusent pas uniquement le dialogue avec l'opposition, mais aussi avec la population locale, qui leur était pourtant largement acquise, au prix de trois morts en décembre 2007.
Filemon Escobar reproche à son ancien disciple d'avoir oublié "l'apprentissage du respect réciproque entre les Indiens et les blancs". Aujourd'hui, Evo Morales est contesté par la droite, débordé par l'extrême gauche et lâché par une bonne partie de ses propres électeurs. A la suite de la renégociation des contrats avec les compagnies pétrolières, il n'a pas su relancer l'investissement social et promouvoir une redistribution du revenu national.
Deux modestes allocations, une pour le troisième âge et l'autre pour les enfants, des augmentations de salaires jugées insuffisantes par les intéressés, ne compensent pas la montée des revendications sectorielles.
Alors que les intérêts de la Bolivie sont liés à ses voisins, Argentine, Brésil et Chili, Evo Morales a préféré s'aligner sur le Venezuela, dont le président, Hugo Chavez, a arrosé les municipalités boliviennes avec ses pétrodollars.
Paulo A. Paranagua
Donc, deja on apprend que Morales est "métamorphosé par le pouvoir" parce qu'il met une veste en cuir. Traduction : comme il est indien il a l'obligation de s'habiller mal, un bon ptit cliché raciste dès le premier paragraphe pour donner le ton.
Ensuite on nous parle de Filemon Escobar qui aurait détourné Evo Morales de la guerilla pour l'amener en politique. Cela dit, Morales n'a jamais fait partie d'aucune guerilla et a toujours milité dans un syndicat.
Puis, on décrit un président affaiblis en perte de vitesse (chose démentie par le score important obtenu lors du vote de dimanche dernier), avant de terminer sur le "pétrodollars" de Chavez, puisqu'il faut bien en mettre une couche sur tonton hugo tant qu'on est là...