On a déjà évoqué les manifs et contre-manifs qui s'enchainent et se répondent en ce moment. Arrétons nous donc un moment sur le pourquoi du comment; la raison de tout cette agitation : la réforme constitutionnelle. Durant sa campagne de réelection en décembre 2006, Hugo Chavez avait promis que le pays franchirait un pas de plus vers le socialisme. Il avait aussi émis le souhait d'éliminer la limite de deux mandats qui l'aurait écarté du pouvoir en 2012. Pour cela, il est nécessaire de changer la constitution. Donc, le président a remis à l'assemblée une proposition de réforme dans laquelle il modifiait 33 articles du texte. Durant les discutions parlementaires, les députés ont voulu en remettre une couche et apporter eux aussi leurs modifications; au final ce sont 69 articles qui se voient changés, abordant des sujets aussi divers que le droit du travail, l'organisation territoriale du pays ou encore la politique économique de l'Etat.
D'un coté le projet consacre des avancées sociales (réduction du temps de travail, interdiction des discriminations pour orientation sexuelle, reconnaissance des conseils communaux et des formes collectives de propriété...), et de l'autre plusieurs points font polémique : l'augmentation des pouvoirs du président (il pourra désigner de nouvelles autorités locales), le retrait de la limite des deux mandats pour ce dernier, l'inscription de la construction du socialisme comme principe constitutionnel, le durcissement des conditions en cas d'état d'urgence (les droits à l'information et à avoir un procès selon les bonnes et dues formes seront restreints).
Ce projet doit être soumis à un référendum le 2 décembre prochain, en attendant les débats font rage. L'opposition soupçonne Chavez de n'avoir fait tout cela que pour obtenir la réelection indéfinie. Mais elle n'arrive pas à s'entendre sur la marche à suivre. Certains appellent à voter non et d'autres à s'abstenir. Mieux que ça, le texte divise au sein même du camp de la révolution bolivarienne. Podemos, l'un des partis de la cohalition qui avait appuyé Chavez lors des élections, a appelé à voter contre le projet. Et l'ancien ministre de la défense, Raul Isaias Baduel, une des grandes figures du camp chaviste a qualifié la réforme de "coup d'état contre les institutions".
De plus, les critiques ont porté autant sur la forme que sur le fond. Certains ont regretté qu'on ne vote qu'une seule fois pour aprouver ou rejeter 69 articles et auraient souhaité qu'on puisse voter article par article, ou par bloc thématique. Au final, l'assemblé a décidé que la réforme se voterait en deux fois : les articles proposés par le président et les articles proposés par les députés.
En attendant, manis et contre-manifs s'enchainent quasi quotidiennement, parfois avec des débordements et des affrontements. Suite et (peut-être) fin, le 2 décembre...